Depuis toujours, l’Homme cherche à échapper à l’ennui en utilisant la peur pour se divertir. Que ce soit à l’époque des combats de gladiateurs, ou aujourd’hui, en hurlant dans les grands huit, en tremblant dans les maisons hantées, ou en dévalant les pistes à deux-roues. Pourquoi ce sentiment d’angoisse qui prend aux tripes nous plaît-il tellement ? Tout simplement parce qu’il permet à notre corps de déverser de l’adrénaline dans nos veines. Celle-ci stimule alors la libération de la dopamine, une substance qui provoque une sensation de bien-être. Le cours de chimie s’arrête là. Mais on comprend mieux pourquoi avoir peur nous fait vibrer et pourquoi le goût du risque nous fait du bien. Risquer sa vie pour divertir, c’est justement le choix qu’a fait l’Américain Joe Bucaro.
À la fois coordinateur de cascades, acteur et cascadeur chevronné, ce colosse de 57 ans a côtoyé les plus grands d’Hollywood. Puissantes et spectaculaires, ses cascades apportent la crédibilité aux scènes d’action et la magie nécessaire pour rendre les acteurs de cinéma héroïques. Rencontre avec l’un de ces magiciens au palmarès impressionnant : Joe Bucaro.
Silence, moteur, action !
La vie ne tient qu’à un fil (et ça peut-être celle d’un jean !)
Faire de son rêve de gosse, son métier
Joe Bucaro, une carrière à couper le souffle
Chutes, bagarres, accidents, explosions, incendies, courses-poursuites, sauts, sports de l’extrême font partie du quotidien de Joe Bucaro. Téméraire et audacieux depuis sa plus tendre enfance, Joe a très vite su apprivoiser la peur. Et même parfois, défier la mort. À l’image d’une toile, où chaque fil joue un rôle et s’entrecroise pour soutenir l’autre, les cascades sont organisées minutieusement. Même si le risque 0 n’existe pas, le projet est quadrillé, tous les détails comptent et chaque trajectoire est étudiée afin de minimiser les dangers. La sécurité revêt donc une extrême importance (elle est même vitale) pour un cascadeur comme Joe qui se protège sur les tournages, comme dans la vie de tous les jours.
Depuis sa rencontre avec Pierre-Henry Servajean en 2008, Joe a d’ailleurs adopté les jeans en ARMALITH®. “J’aime mettre les jeans BOLID’STER pour aller en ville, à vélo, ou simplement faire mes courses. J’en ai deux, un noir et un bleu et chacun m’apporte la plus grande des protections. Je me sens en sécurité et je porte même ces jeans lors des castings” nous explique-t-il. C’est autour d’un déjeuner au Rock Store, célèbre lieu de rendez-vous des bikers, que les deux hommes ont eu un véritable coup de cœur amical. “Rencontrer Pierre-Henry et ressentir sa passion pour son produit est l’un de mes meilleurs souvenirs. Je pense qu’il a vraiment créé un jean raffiné. Il donne un nouveau souffle, apporte du style, du confort et une sécurité inégalée. Pour moi, ce sont les meilleurs jeans résistants à l’abrasion qu’il existe sur le marché”, nous confie Joe.
Le créateur de BOLID’STER et le cascadeur américain partagent des convictions communes et une vision similaire : dare to dream (oser rêver) ! Tous deux papas de 2 enfants, ils leur transmettent d’ailleurs cette même valeur, mais aussi celles du travail et de l’honnêteté pour que, plus tard, ils puissent aussi vivre de leurs rêves. Pierre-Henry et Joe vouent également une même passion pour la moto. “J’adore mes BMW GS de 2002 et de 2016. Et j’ai été l’un des premiers gars du sud de la Californie à convertir ma GS 1150 R de 2002 en supermoto !” nous annonce fièrement Joe.
En dehors de ses virées mordantes à moto et de son métier périlleux, notre cascadeur s’adonne à des activités et à des sports de précision. Il pratique le tennis de table en compétition et joue au billard, aux fléchettes et à tous les sports de ballon. Classé handicap 3 USGA (United States Golf Association), on trouve également souvent notre acrobate voltigeur sur les greens.
Joe Bucaro a passé la moitié de sa vie près de Chicago, dans l’Illinois, d’où il est originaire. Mais il a très vite su qu’il tenterait sa chance sur les plateaux californiens. À l’âge de 8 ans, c’est la révélation. Son grand-père et son oncle l’accompagnent au bord de l’arène du vieil amphithéâtre de Chicago pour voir Evel Knevel. Le célèbre stuntman des années 70 saute alors à moto par-dessus 14 bus sous le regard bleu azur du petit Joe, qui en restera marqué à tout jamais. Adolescent, Joe vibre dans les salles obscures devant Burt Reynolds. Il s’essaye aussi à tous les sports, faisant de lui un athlète complet avec de bons résultats et une excellente coordination de mouvements, une qualité essentielle pour être cascadeur.
Joe vit à 100 à l’heure avec toujours la même détermination : devenir cascadeur. Le jeune casse-cou tente lui-même quelques cascades, parfois périlleuses : escalade de châteaux d’eau, saut dans les trains de marchandises, courses en BMX et en karts, glissades en skateboard… Diplômé du lycée de Wheaton Central, ses études à la fac tournent court. En effet, ce gaillard d’1,93 m préfère de loin enfourcher sa moto Ninja 900 pour dérouler le compteur kilométrique et sauter sur le toit des voitures en stationnement. Aujourd’hui, tel un trophée, sa Kawazaki trône toujours dans son salon à Saint Augustine, en Floride, où il vit avec sa femme Lisa et ses deux enfants, Ryder et Raquel.
La silhouette puissante de Joe inspire confiance et impose le respect. Quant à ses yeux bleus, ils reflètent sa sincérité et son authenticité. C’est donc tout naturellement que Joe entame une carrière dans la vente. Pour autant, il ne fait pas une croix sur son rêve de gosse.
Le hasard faisant bien les choses, une école de cascadeurs ouvre ses portes à Chicago en 1988. Joe saute alors sur l’occasion pour apprendre les ficelles du métier et découvrir le monde cinématographique. Il débute alors sa carrière en tant que figurant. Puis, il est retenu au casting du spectacle live Wild West Stunt Show aux studios Universal d’Orlando en Floride. Il y reste deux ans avant de décoller pour Las Vegas.
La capitale des jeux et des shows légendaires lui offre l’opportunité de jouer dans le spectacle des pirates du mythique MGM Grand Hotel. Mais ces représentations répétitives commencent à lasser Joe qui n’oublie pas qu’à 425 km de là, la Cité des Anges lui tend les bras. Il se risque alors en Californie, où il ne connaît pourtant personne et la chance lui sourit. À moins que ce ne soit Dieu, en qui il croit beaucoup, qui lui donne un petit coup de pouce.
En visant la Lune, Joe Bucaro finit par tomber dans les étoiles : celles d’Hollywood. Et son rêve devient enfin réalité lorsqu’il est sélectionné pour être la doublure de Steven Seagal. Depuis, ce héros de l’ombre a doublé Arnold Schwarzenegger, Vince Vaughn, Will Ferrell, John Cusack, Jeff Goldblum, David Hasselhoff et bien d’autres stars.
Coordinateur de cascades, acteur et cascadeur complet, il performe dans de nombreuses grosses productions. Pour n’en citer que quelques-unes : Avatar, Drive, Die Hard 4, Spider Man 3, Les Quatre Fantastiques, Captain Marvel, The Dark Knight, Iron Man, Sin City, Terminator : Les Chroniques de Sarah Connors, Ocean’s Thirteen, Pirates des Caraïbes : Jusqu’au Bout du Monde, Fast and Furious : Tokyo Drift… Vous avez notamment aussi pu l’apercevoir dans des séries télévisées comme Hawaii Five-O, NCIS, Numb3rs, Californication… Durant sa carrière, Joe remporte deux Emmy Awards pour la meilleure séquence d’action à la télévision. Il est aussi nommé deux fois aux World Stunt Awards.
La cascade la plus dingue de sa vie ? En fait, il y en a beaucoup, mais deux restent ancrées dans sa mémoire. “Dans le film XXX, se faire aspirer hors d’un avion C130 alors que celui-ci se rendait sur la piste était assez difficile à réaliser. Aucun cascadeur ne l’avait fait avant moi et j’ai un peu joué le rôle de cobaye ! Et puis, sur le tournage de Terminator 2, où je doublais Arnold Schwarzenegger, une belle frayeur quand le câble est sorti de ma moto”, nous raconte Joe.
De l’Italie à la Thaïlande, des Îles Vierges à Londres, en passant par Hong Kong, l’Allemagne et le Canada, notre homme de l’exploit parcourt le monde grâce à son métier. Il vient de terminer le tournage de The Plane, où il double Gerard Butler à Porto Rico. Maintenant, il attend des nouvelles de certains projets Marvel ou Fast and Furious 10 sur lesquels il pourrait travailler. Ses enfants quittant prochainement le nid familial, Joe espère aussi voyager davantage, mais avec sa femme cette fois.
Propos recueillis par Claire Pimenta de Miranda
Crédits photos : IMDb.com